La balade du bac bleu !

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camion de recyclage au petit matin
La tournée du camion de recyclage commence dès 3 heures du matin ! Crédits photos : Cécile Hauchecorne

C’est de bon matin que Paul Larouche m’embarque dans son camion pour faire la tournée des bacs de récupération. Je le retrouve sur le parking du Camp de Base alors que le soleil n’est pas encore levé.

Ce chauffeur m’explique qu’il commence son circuit à 3 heures du matin. « Avec mon camion, je fais Rivière-Éternité et L’Anse-Saint-Jean, ça me prend au minimum 10 heures. » J’apprends à cette occasion que c’est le même camion qui récolte les vidanges. « Nous autres, il faut juste s’assurer, avec notre caméra intégrée, qu’il ne reste plus de poubelles dans la benne quand on part le matin. »

Il arrive à Paul de sortir ramasser les bacs, mais seulement ceux qu’il a lui-même fait tomber. D’où l’importance, surtout en hiver avec la gratte, de bien respecter la distance recommandée (environ 1,5 mètres de la route) quand on met son bac sur le bord du chemin. Personne n’a envie de voir son contenu s’éparpiller dans le vent !

L’arrivée au Centre de tri

montagne de papier et cartons compressés
Avec le nouveau centre de tri, mis en fonction deux semaines avant ma visite, on atteint 90 % des matières récoltées qui sont recyclées !

Vers 15 heures, le camion vide sa benne au nouveau centre de tri de Ville Saguenay sur le Boulevard Saint-Paul. J’y rencontre Pierre Paradis, directeur général du lieu qui compte une soixantaine d’employés. Le centre réceptionne entre 14 et 18 camions par jour. (70 à 90 tonnes.)

Le directeur générl de l'entreprise
Pierre Paradis, directeur général du nouveau centre de tri qui compte une soixantaine d’employés.

« Ici on travaille avec aussi des personnes à limitation, avec des horaires aménagés, plus souples, en fonction de leur capacité. On s’adapte mais il me faut entre 25 et 26 trieurs par jour », m’explique le directeur en précisant qu’un partenariat est mis en place avec Inclusion, un organisme communautaire de Jonquière : « On a une intervenante ici à temps plein, elle aide à instaurer une bonne communication, et grâce à elle on peut placer les personnes à la position la plus adéquate pour chacun. Dans un contexte de production, il y a des normes de sécurité à respecter. Enfin, ici tous les employés gagnent le même salaire. Ce qu’on essaye et qu’on réussit quand même bien, c’est qu’il y ait une véritable intégration, on établit un horaire qui doit être respecté, les règles sont les mêmes pour tous, tout en restant dans une position de compréhension. »

85 % du bac de récupération est recyclé !

tapis roulant du centre de tri de Ville Saguenay

Ces statistiques ont été établies à partir des données récoltées dans l’ancien centre de tri. Avec le nouveau, mis en fonction deux semaines avant ma visite, il est certain que ces pourcentages devraient grandement s’améliorer, et atteindre 90 % de matière recyclée !

Dans les 10% de rejets, il y a des déchets, des matières qui ne devraient pas se retrouver dans un bac bleu, mais aussi des petits morceaux qui s’en allaient directement dans la poubelle. Avec la nouvelle technologie de tri qui utilise autant le laser que les aimants, il sera possible de pouvoir les recycler adéquatement. En fait, si tout le monde séparait chez lui correctement le contenu de son bac bleu, le travail du personnel le long des tapis serait bien moins ingrat.

Responsabilité citoyenne !

On trouve de tout dans un bac de récupération, des couches, des bâches, des toiles de piscine qui bloquent les tapis du centre de tri. Les appareils électroniques, c’est pourtant à l’écocentre qu’ils seront démontés et valorisés !

Pour ce qui est du nettoyage des contenants, il est vrai que le citoyen n’est pas obligé de le faire mais il faut toujours garder à l’esprit que ce sont des êtres humains qui font le tri. « La sauce à spaghetti après deux semaines, ça se peut qu’elle ait une drôle de senteur ! », souligne Pierre Paradis qui le mentionne fréquemment lors de conférences.

« Si on suivait à 100 % ce qui est écrit sur les pamphlets, cela faciliterait grandement nos opérations, tout en les rendant plus efficaces. La machine est conçue pour trier ce qu’il y a dans votre bac, et moi un chaudron, j’ai pas lu ça dans le guide des bonnes pratiques! »

Tapis roulant au centre de tri

« Prenons l’exemple des sacs. Un sac de sacs c’est parfait, mais un sac empli de matières recyclables, c’est pas l’idéal. Moi j’ai deux opérations à faire, récupérer le sac et mettre les matières sur un autre tapis ! Je le répète, si tout le monde respecte les consignes, ça facilite grandement notre travail. Ça évite les arrêts, ça évite les bris mécaniques, quand il passe un morceau de métal. C’est quelque chose qui serait tellement simple à gérer à la source ! »

Après le tri ?

La plupart de la matière récupérée au centre de tri est revendue au Québec, ou au Canada, mais parfois aussi aux États-Unis. « Le métal à date, c’est au Québec ou en Ontario qu’il part. Par contre, l’aluminium va aux États-Unis. C’est la seule place où il y a une usine pour le transformer ! Nous on le vend à des entrepreneurs du Québec mais je le sais que l’usine est aux États-Unis », conclut Pierre Paradis.

À la fin de cette grande journée, je repars vers L’Anse-Saint-Jean en me disant qu’on a définitivement toutes et tous un rôle à jouer pour une meilleure gestion de nos déchets. Et puisque même la plus moderne des machineries ne peut trier nos erreurs, qu’une personne est obligée de le faire à notre place le long d’un tapis roulant, soyons et restons vigilants au moment de remplir notre bac de récupération.